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Avec les autres professionnels

"Je participe à toutes les réunions des unités de vie (groupe). Contrairement aux éducateurs qui vivent au quotidien avec les enfants, je peux prendre du recul, voir comment les projets pour l’enfant évoluent. On a toujours besoin de se poser, pour penser ce qui se passe, pour ne pas subir les émotions. Je ne suis pas la psychologue des éducateurs mais c’est plutôt sain d’avoir un espace de réflexion, un moment pour analyser et ne pas projeter son propre ressenti dans la situation particulière de chaque enfant. Je participe également aux réunions avec le directeur, Philippe Meunier, et son adjointe, Hélène Bourdonnais, pour étudier les nouvelles arrivées. La plateforme du Département de Loire-Atlantique, qui répartit les enfants placés dans les différents lieux d’accueil, nous propose de nouveaux enfants. Nous devons alors répondre si nous sommes capables ou non d’accueillir chaque enfant individuellement. Lui proposer un cadre rassurant, sans pour autant déséquilibrer les autres enfants hébergés. Certains enfants ont très peu d’autonomie, réclament une attention quasi exclusive. Quand nous ne pouvons pas accueillir un enfant, la plateforme sollicite un autre établissement ou une famille d’accueil. Savoir dire non, refuser un enfant dans une situation compliquée, n’est pas facile mais nous devons toujours nous demander où est l’intérêt de l’enfant, mais aussi du groupe."

Avec les parents

"Nous rencontrons les parents avant l’accueil pour présenter notre maison et la façon dont ils seront impliqués dans la vie de leur enfant : les habits, l’école, le sport… J’évoque souvent la possibilité d’un suivi psychologique. Pour beaucoup, c’est compliqué à accepter. Certains ont peur que la parole de leur enfant ait des conséquences sur les droits de visite. D’autres ne perçoivent pas leur souffrance. Je revois les parents dans des moments de crispations, quand la tension avec le foyer a des conséquences sur les enfants."

Avec les enfants

"Je vois surtout les enfants dans les premiers moments de leur accueil. Ils ont besoin de s’habituer au lieu, aux nouvelles règles, suite à leur placement. Ces premiers échanges nous permettent de déterminer les besoins de chaque enfant. Ils rencontrent pour la plupart un psychologue ou un pédopsychiatre à l’extérieur de l’établissement pour mieux garantir la confidentialité des échanges et  garder une certaine distance. 

Nous essayons de créer un univers bien cadré, avec des règles identifiées. Les enfants placés ont besoin d’une routine, d’installer un quotidien rassurant. Ils sont ultra-sensibles au moindre changement. Pendant les travaux, les enfants ont déménagé deux fois en un an. Nous avons beaucoup préparé ces transitions.

Nous avons également mis en place des ateliers relaxation par groupe, pour apporter un peu de calme intérieur à ces enfants.

Face à des situations parfois bouleversantes, nous, professionnels, essayons de ne pas nous laisser envahir par ce que nous éprouvons, de retenir aussi des éléments positifs, là où on ne les attend pas. Par exemple, nous avons accueilli une petite fille qui avait une véritable phobie de l’eau et refusait de se laver. Le jour où elle s’est lavé les cheveux toute seule, nous avons considéré que c’était un symbole d’un mieux-être, presqu’une victoire."

Marion, psychologue à Saint-Vincent-de-Paul depuis deux ans.

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Marion, psychologue : "Recréer le dialogue"

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Une présence permanente

Pour ces enfants fragiles, la nuit n'est pas toujours un moment de repos. Mais au foyer, les enfants sont toujours sous la garde d'un adulte, pour les surveiller mais aussi les rassurer. Gianni Sourrisseau, l'un des veilleurs de nuit, raconte ses rondes de nuit et comment il tente d'éloigner tous les cauchemars.

Gianni, veilleur de nuit : "Rassurer les enfants, toujours." 

Le rôle des éducateurs

 

15 éducateurs et éducatrices travaillent au foyer Saint-Vincent-de-Paul et se répartissent une présence permanente de 7h à 22h, 7 jours sur 7. l'école, les loisirs, les visites dans la famille, les rendez-vous médicaux et paramédicaux, le lien avec les services du Département... Mais aussi des imprévus, nombreux, quand on gère un groupe d'enfants : les visites aux urgences en cas de crise collective de gastro, les fugues, les accès de violence.

Travaillant sur le groupe Bon accueil, Blandine Thébaud nous explique ce métier si particulier et si impliquant humainement.

Les éducateurs, 100 % avec les enfants

Les maîtresses de maison 

 

"Il faut savoir tout faire quand on est maîtresse de maison." Membres incontournables du foyer, les maîtresses de maison créent au quotidien des liens de proximité avec les enfants. Elles racontent leur métier, intense et parfois éprouvant.

Au contact d'enfants, qui ont des parcours de vie très difficiles, qui sont parfois en souffrance, qui ont du mal à accepter l'autorité, ces professionnels doivent trouver un équilibre personnel, pour ne pas se "laisser envahir".  D'où la nécessité de travailler en équipe, de chercher ensemble des solutions pour chaque problème. Parmi les principales difficultés : la gestion de la violence ou l'attachement à des enfants, qui finiront par quitter le foyer.

30 personnes travaillent à la Maison d'enfants de Saint-Vincent-de-Paul de Nantes. Maîtresses de maison, éducateurs spécialisés, veilleurs de nuit, cuisinière, technicien, psychologue et direction... tous, dans des rôles bien spécifiques, accompagnent les enfants dans leur croissance et leur développement, hors de leur famille. En plus du cadre éducatif, ils gérent également la vie du quotidien : les sorties et les loisirs, les devoirs, les rendez-vous chez le médecin, les habits... 

Les équipes

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 Histoire

 Département

 Equipes

 Familles

 Enfants

Le plus gratifiant

"Savoir qu’on a travaillé avec un objectif qu’on a atteint, qu’on a accompli notre rôle de passeur pour que l'enfant puisse aller vers sa construction d’adulte. Et plus pratiquement, voir un enfant s’épanouir, prendre du plaisir dans l’échange."

 

Le travail avec les parents

"Nous essayons d’impliquer les parents le plus possible dans l’éducation de leurs enfants en multipliant les échanges avec eux. Cela démarre avant même le placement : nous les rencontrons en amont pour les préparer, eux et leurs enfants, à la situation future ordonnée par un juge. Chaque éducateur est le référent de deux enfants et l’interlocuteur privilégié de sa famille. Les échanges ont lieu par téléphone, au moment des départs et des retours en famille quand il y a droit de visite et d’hébergement, au moment des rendez-vous médicaux et scolaires. Certains parents ont des difficultés à s’investir alors que leur enfant est placé. C’est assez paradoxal pour eux. D’autres surmontent leurs difficultés et les retours en famille sont de plus en plus fréquents. Avec parfois des échecs mais aussi des réussites."

Le plus difficile

"Le quotidien. De la fin de l’école au coucher, nous sommes deux adultes (deux éducateurs) avec 11 enfants et c’est frustrant. Nous n’avons pas assez de temps pour accorder à chacun l’attention qu’ils demandent. Les devoirs scolaires peuvent être des moments vraiment galère. Trois enfants « piliers » viennent de partir. D’autres vont arriver. Il faut réinvestir une relation, reconstruire un bout de chemin et réadapter le groupe. Cela demande beaucoup d’énergie mais on va récrire une histoire commune, avec les nouveaux."

Florent Pineau est éducateur spécialisé et travaille depuis 7 ans à la maison Saint-Vincent-de-Paul. Il encadre et organise avec cinq autres éducateurs et une maîtresse de maison le quotidien des onze enfants du groupe Chaumière.

 

Pourquoi ce métier ?

"C’est un métier en phase avec mes valeurs, mes convictions. La volonté d’être utile et un environnement personnel baigné dans le domaine du travail social et du soin à la personne m’ont assez naturellement poussé dans cette voie."

 

Être éducateur

"Notre travail consiste à prendre en charge les enfants, être présent au quotidien, leur apporter un cadre, de l’affection, du soutien. Mais nous ne sommes pas un substitut aux parents. Certains enfants nous investissent beaucoup affectivement, d’autres ont plus de recul. Et ce n’est pas une question d’âge. Nous devons adapter notre comportement en permanence et jongler entre chaque enfant. Nous-mêmes dégageons des impressions : les enfants viennent vers nous de façon différente. L’affect est notre premier outil et nous en montrons parfois trop, parfois pas assez. La relation humaine ne fonctionne pas toujours avec un enfant. Alors les éducateurs doivent s’adapter car il faut que l’enfant soit le mieux possible."

 

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Florent, éducateur : "Nous sommes des passeurs"

Florent Pineau

Le travail avec les parents

"Notre rôle est aussi de travailler avec la famille pour rendre le retour possible. Rien n’est jamais acquis dans ce domaine : des situations qui paraissaient très mal engagées évoluent finalement très bien avec un retour des enfants. Souvent, les parents ne sont pas coopératifs car ils sont contre le placement de leur enfant. Nous essayons de les remettre dans leur rôle de parents en les impliquant dans la vie de leurs enfants, à travers les rendez-vous médicaux, scolaires. Il y a également les relations téléphoniques que nous maintenons régulièrement, entre enfants et parents. Certains peuvent assez rapidement obtenir des droits de visite et d’hébergement puis, petit à petit, se remettre en position de récupérer leurs enfants. À l’inverse, certains enfants, dans des cas moins critiques au départ, réalisent qu’ils ne pourront pas revivre dans leur famille. Il faut alors travailler avec eux à une autre alternative que la maison d’enfants. Soit parce que l’option famille d’accueil leur parait alors envisageable, soit parce qu’ils approchent de leur 15 ans, âge limite d’accueil de notre établissement."

Le plus gratifiant

"La principale satisfaction reste de réussir à envisager un futur avec l’enfant, l’accompagner dans les orientations qui lui permettront de devenir un être autonome. Le voir évoluer dans son rapport avec les autres enfants, avec les adultes est également positif. Nous les aidons à grandir pendant leur passage ici." 

À Saint-Vincent-de-Paul depuis 9 ans, Marlène Occelli est monitrice éducatrice. Elle gère et accompagne avec cinq autres collègues la vie quotidienne de la dizaine d'enfants actuellement présents sur le groupe Bon accueil.

 

"J’accompagne les enfants sur un bout de vie, je les aide à grandir et en fonction de leurs carences, de leurs besoins, j’adapte mon soutien. Avec 8 enfants, dont la moitié de petits, il n’est pas toujours simple d’avoir assez de temps avec chacun. Depuis peu, les éducateurs de notre groupe ont eu l’autorisation de sortir déjeuner en individuel avec les jeunes. Cela permet de mieux discuter. Nous faisons également régulièrement des sorties en extérieur, dans les parcs du centre-ville en semaine, et dans des points d’eau en périphérie les week-ends, aux beaux jours. Il y a également la sortie annuelle du groupe, où tous les membres de l’équipe se retrouvent le même jour avec les enfants dans un endroit particulier. Cette année, ce sera le futuroscope."

 

Le plus difficile

"Pour moi, c’est la violence. Et en particulier celle qui peut se retourner contre les membres de l’équipe. Sur une carrière, il peut arriver d’avoir de l'appréhension vis-à-vis de certains jeunes. Ce sont des situations compliquées."

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Marlène, éducatrice : "Faire évoluer les enfants"

Marlène Occelli